Tolérer, endurer… aimer et durer…
Récemment, des amis fêtaient leur soixantième anniversaire de mariage. Un couple qui rayonne d’amour comme on en voit peu. Cependant, ils furent surpris de m’entendre dire qu’ils pouvaient encore poursuivre leur parcours à deux pendant de nombreuses années. C’est ce que nous leur souhaitons de tout cœur !
Ce qui est amusant c’est que la première chose que mentionne la femme de ce couple, c’est que pour durer, un couple doit faire preuve de tolérance et d’endurance. Curieusement, ces deux qualités ne font pas rêver le cinéma hollywoodien. Au contraire, qui rêverait de « durer » et « d’endurer » ? Évidemment, vu sous cet angle endurer quelqu’un n’est pas « glamour » !
Mais les personnes âgées ne s’embarrassent pas du politiquement correct. Je me souviens d’un vieux couple d’octogénaires qui allaient se marier et qui disaient : « Je connais ses défauts, il connaît les miens et on peut vivre avec ça ! ». Ces vieilles personnes s’aiment-elles moins ? Ou au contraire s’aiment-elles mieux ? Dans la tolérance et l’endurance il y a un mot qui se cache en filigrane, c’est le pardon. Il ne s’agit pas d’endurer ce qui est inacceptable d’endurer… mais d’endurer ce qui peut agacer mais n’en fait pas un sujet de divorce. Une amie a un mari qui est un maniaque de l’ordre alors qu’elle-même est très désordonnée. Ce duo semblait voué à une incompatibilité chronique sur le sujet à moins que chacun y mette du sien pour mieux vivre cet aspect de leur vie. Ils avaient établi des « zones » dans la maison afin que chacun puisse se sentir « respecté » dans ce qu’il est. Ainsi, l’armoire de leur chambre avait deux côtés l’un rangé au cordeau, et l’ordre pagailleux.
Cela a demandé à chacun de prendre beaucoup sur soi pour s’accepter différent. Mais de savoir tolérer l’autre a permis à chacun d’éviter les tensions et surtout d’évoluer. Car on oublie souvent que le chemin qui se fait à deux est un enrichissement. Tolérer, endurer c’est aussi accepter de changer sa vision et ses manières de faire plutôt que de camper sur un « je sais mieux faire »… Dans un couple, ce sont les petites attentions qui peuvent faire sentir à l’autre qu’il a du prix à nos yeux. On dit que le quotidien « tue » l’amour… On peut faire mentir cet adage en nous employant à mieux vivre la tendresse au jour le jour dans les petits riens qui sont la trame de notre amour. Le couple gagne toujours à trouver le temps de faire exister son amour et à se le démontrer par des gestes au quotidien. On entend souvent dire qu’avec le temps on ne « sent » plus l’amour… les gestes eux raniment les braises avec tendresse. Beau et bon chemin d’Automne.
Abbé Michel Boisaubert Doyen