
Les années se suivent avec leurs lots de joies, de peines, de surprises également.
En cette fin décembre, moments de Noël mais aussi de vœux pour le nouvel an, me revoilà pour vous souhaiter
un Joyeux Noël, une bonne année, et vous partager ce que j’ai vécu.
Le dessin porté sur cette page n’entre pas dans la catégorie des Noëls traditionnels, mais dans cette évocation
du Bon Samaritain, j’y retrouve le visage de notre Dieu tout-Amour, qui ne se lasse pas de se proposer,
à notre humanité violente et bien malade ; C’est cela Noël, « car Noël, o mon frère, c’est l’Amour » … à vivre chaque jour.
C’est de Tahoua que je vous écris cette année. Suite à l’enlèvement des 7 otages, à Arlit, le 16 septembre dernier,
après avoir été SDF pendant un mois, Mgr Ambroise m’a parachuté dans cette ville de Tahoua.
L’Ambassade de France aurait voulu que je quitte Arlit par avion, le jour même des enlèvements !
je me suis accordé cinq jours pour organiser ce départ (réunion au niveau de la paroisse, au niveau de la caritas,
procurations bancaires, rangements…) et j’ai emprunté les cars qui, en deux jours, m’ont amené à Niamey (1 000 Km).
De là, je suis allé voir l’Evêque à Maradi (650 Km), puis retour à Niamey, pour enfin aboutir à Tahoua (550 Km).
Tahoua se trouve à mi-chemin entre Niamey et Agadez, et même entre Maradi et Agadez.
Cette ville se situe dans la zone dite « orange ». L’Ambassade a dressé une carte du Niger avec une zone « rouge »,
où les Français ont interdiction de se trouver : C’est la partie qui se trouve au Nord d’Abalak (130 Km au nord de Tahoua),
et autour de N’Guigmi près du Tchad, ville que les Ptes Sœurs du P. De Foucauld ont du quitter pour se replier à Diffa.
La zone verte correspond à Niamey-Say : zone très restreinte. Dans le reste du territoire, zone « orange », notre présence est tolérée.
Je regrette beaucoup ce départ subit d’Arlit. Je m’y étais bien habitué, ayant tissé des relations dans tous les milieux,
et engagé des activités multiples. Il y a quelques jours, de passage à Tahoua, Le Colonel Benoît de Rambures,
chargé de la sécurité d’Aréva à Arlit, m’a longuement décrit la situation présente et les projets d’avenir.
L’armée nigérienne s’installe là-haut en nombre et en qualité. Les Européens qui viendront travailler aux mines Aréva
seront « parqués » dans des bases fortement sécurisées ! L’axe commercial et touristique Algérie-Niger
qui passe obligatoirement par Arlit (voie unique) devient fortement compromis pour le commerce,
et anéanti pour le tourisme. C’est très grave pour la région.
A Tahoua, je me trouve avec le P. Justin Séguéré, prêtre depuis dix ans, d’origine Burkinabé.
Il est mon curé, et je l’apprécie bien. C’est la première fois depuis 40 ans que je ne suis ni Directeur de … ou curé !
Le temps de la retraite s’amorce !
Tous deux, nous formons bonne équipe. La vie paroissiale prend beaucoup de notre temps,
avec une communauté chrétienne modeste : environ 80 personnes à la messe le dimanche,
pour une ville de 100 0000 habitants ; ville charnière entre le monde éleveur au Nord (Touaregs et Peulhs)
et le monde rural au Sud (Haoussas) ; ville qui vit de petits commerces : l’énorme Nigéria n’est qu’à 150 Km au Sud.
A côté de nous, se trouve l’école Mission (600 enfants) et un centre féminin très actif . Sœur Cécile,
Sr Adèle et Sr Véronique, toutes trois sénégalaises, animent tout ce monde .
La caritas, autre volet de nos activités, travaille sur plusieurs projets : handicapés, alphabétisation,
nutrition, banques céréalières, banques d’intrants pour les jardiniers, voitures à ânes pour ramasser les ordures de la ville …
Nous rayonnons sur une centaine de Km.
Personnellement, je reste encore en lien avec les étudiants de Niamey et nombre d’anciens étudiants.
La commission Islamo-Chrétienne continue d’organiser des sessions, cela m’interesse beaucoup,
et le retour du P. Jean Cros à Niamey va relancer nos équipes de spiritualité De Foucauld.
Voilà quelques nouvelles de ce coin du Niger où j’ai déjà passé 36 ans ( la moitié de ma vie),
ayant quitté la France il y a 50 ans (1961) : Je commence à parler comme un ancien combattant !
mais… merci à Dieu de me permettre de « combattre » encore.
A vous, Bon Noël ; A vous bonne et heureuse année ! Que Dieu mette en vous ce qu’il faut pour qu’il en soit ainsi.
Avec toutes me amitiés.
P. Antoine Hubert CHENU
Mission Catholique BP 70